La Compagnie du Zerep, Sophie Perez et Xavier Boussiron n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de « théâtre de répertoire » :
Alfred de Musset avec Laisse les gondoles à Venise en 2005, Witold Gombrowicz avec Gombrowiczshow en 2008, sont passés sous les fourches caudines de la ré-interprétation zerepienne. Mais c’est la première fois que le Zerep monte un texte dans son intégralité… et même les didascalies ! Mais bien sûr ça dérape… La pièce raconte l’histoire de Toto, sept ans, dont le père doit signer un important contrat pour équiper l’armée française en… pots de chambre. Ce jour-là, Toto, apparemment constipé, refuse de prendre sa purge malgré l’insistance de sa mère qui entre alors en crise, une sorte de blues de la constipation. Feydeau maître d’un « théâtre de la pulsion » marie frénésie, crise brutale et névroses clownesques. Une « matière pulsionnelle » qui, pour les comédiens du Zerep, est un ingrédient immanent dans leur façon de vivre sur scène. Derrière l’alibi scatologique bon-enfant et la radinerie psychologique qui gangrène l’esprit de famille plane une noirceur diffuse dans la pièce insolite de Feydeau. C’est justement cette cruauté-là, la part sombre et monstrueuse des hommes, la plus drôle aussi parfois, que le Zerep explore. Dans une maison bourgeoise, en forme de pop-up de papier, les acteurs, véritables machines à jouer, s’emparent de cette pièce avec leur outrance et surréalisme légendaires, perruques absurdes, masques livides, yeux grotesques et gags scatologiques ! Un mélange des genres décapant fait autant de noirceur que d’hilarité.