théâtre
Les guêpes / Lourcine

Ivan Viripaev / Eugène Labiche / Frédéric Bélier-Garcia

01 Oct. ► 09 Oct. 2019

du 1er au 9 octobre à 20:00, sauf samedi 5 octobre à 18:00

durée estimée 1H50

rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation du 2 octobre

soirée enfants le 4 octobre

© Pascal Victor

Les guêpes de l’été nous piquent encore en novembre de Ivan Viripaev suivi de L’Affaire de la rue de Lourcine d’après Eugène Labiche

Frédéric Bélier-Garcia crée en complicité un diptyque aussi savoureux que loufoque. Le metteur en scène et directeur du Quai CDN réunit deux contes nocturnes, aussi fantasques et vertigineux l’un que l’autre. À la farce de Labiche, répondront les éblouissements de l’auteur contemporain russe Ivan Viripaev. Deux enquêtes, deux faits divers, deux comédies qui nous portent aux confins de la déraison.

 

LENGLUMÉ - Plus de doute ! … C’est nous qui avons fait le coup !

Réunir, en une soirée, deux auteurs séparés par un siècle de distance, par une langue au registre a priori si différent. Le petit chef-d’œuvre du vaudeville français pour l’un et un ovni théâtral aussi russe que piquant la raison pour l’autre. Frédéric Bélier-Garcia propose de monter ces deux pièces comme deux volets d’un mystère contemporain. On pourrait dire qu’il s’agit de deux comédies policières qui radiographient l’humain pour y dépister un improbable amalgame d’innocence et de culpabilité, de paranoïa et mégalomanie, doutes et certitudes, mauvais goût et beauté. Dans les deux pièces, les protagonistes cherchent frénétiquement la vérité sous les coups de théâtre et autres quiproquos ; et cette vérité semble aussi fuyante que la mémoire défaillante un jour de gueule de bois. Lenglumé et Mistingue, les amnésiques de Labiche, ont-ils, lors d’une beuverie, commis un crime terrible dont ils ne se souviennent pas au petit matin ? Dans Les guêpes de Viripaev : on part de « Qui était chez toi lundi dernier Sarra ? », et voilà une comédie de salon qui tourne à la tragédie métaphysique… Deux pièces comme deux puzzles, deux épreuves, deux axels que l’humanité doit sauter pour connaître son degré d’absurdité.

Sommes-nous innocents ?… Mais de quoi alors ?

« Suis-je innocent ? Pourquoi ? De quoi ? D’un crime ? De notre débâcle ? Sommes-nous si contents d’être ce que nous sommes ? Pourriez-vous raconter votre existence comme un fait divers ou un vaudeville ? Un jour, on comprend que son existence est un fait divers, c’est-à-dire une petite débâcle personnelle et informe, un flux où se télescopent nos peurs, nos fantasmes et notre histoire. Quiconque ne s’en rend pas compte, et croit « être quelqu’un », est juste aveuglé par sa vanité. Mais, on ne peut s’en rendre compte que lors d’un détour – lors d’un de ces malentendus de l’existence, où vous vous retrouvez soudain faire face à vous-même, à votre vie – comme ces personnages du burlesque trouvant dans leur miroir un être qui dissemble à leur attente. Parfois nous nous retrouvons face-à-face avec notre golem personnel, notre être désastreux, cette pelote de fils emmêlés tissée de nos obsessions, nos peurs, nos fantasmes, nos manquements, nos défaillances. Ceci peut arriver au lendemain d’une beuverie amnésiante (comme dans L’Affaire de la rue de Lourcine), ou pris dans les filets de la jalousie (comme dans Les guêpes de l’été nous piquent encore en novembre). Et alors nous nous faisons peur ou/et rire ? Cet être est en nous depuis toujours, c’est lui qui ahane sans cesse sous le vernis de la culture et le glacis de nos bonnes manières comme notre magma primordial. Deux hommes de part et d’autre de notre modernité nattent à merveille la guirlande de notre fatuité, dans sa ténacité, sa perspicacité, sa beauté même… »

Frédéric Bélier-Garcia