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L'ART DU RIRE

Jos Houben

03 Oct. 2014 — 20:30

Durée 1H

Soirée Enfants | 3€ - Réservation 02 41 22 20 20 

© Annika Johansson

De et par Jos Houben
Donnée par un acteur comique exceptionnel qui joue aussi pour Peter Brook et Georges Aperghis, une « conférence » sur le rire, tous les rires, dont ceux jaillis devant les pires situations, face aux chutes des uns et aux égarements des autres. Un spectacle hilarant qui voyage dans le monde entier.

Show ou master class ? L’Art du rire s’impose comme une expérience unique. Comme il fait théâtre avec rien, Jos Houben fait rire de tout. Il déconstruit et bricole les mécanismes du rire. Cet artiste d’origine belge a grandi sur les plateaux de l’École Jacques Lecoq, dont il est devenu l’un des pédagogues. Cofondateur à Londres avec Simon McBurney du Théâtre de Complicité, il a donné des stages de clown et de mouvement burlesque à travers le monde. Depuis plus de dix ans, seul en scène, il offre, avec une jubilatoire finesse, des performances libres pleines d’imagination, où s’expose le meilleur de l’humain, quand on quitte l’angoisse, la tristesse ou la colère, pour se mettre à rire de soi-même.

La presse
C’est une merveilleuse leçon de théâtre que propose Jos Houben, comédien que l’on avait notamment applaudi dans les Fragments de Beckett mis en scène par Peter Brook. En cinquante minutes, une irrésistible conférence, très logique et complètement folle.
Armelle Héliot, Le Figaro.

PROGRAMME DE SALLE

Seul en scène, Jos Houben anime une conférence d’un genre particulier, entre philosophie et anthropologie. Il y dissèque les mécanismes du rire, en analyse leurs causes et leurs effets. Rien ne résiste à la perspicacité de son exposé : nos mimiques, nos gestes, nos comportements recèlent un potentiel comique que son oeil expert et son art de comédien savent retranscrire sur scène en révélant leur caractère saugrenu et burlesque. Une heure durant, Jos Houben dissèque cette mécanique de précision à travers de nombreux exemples puisés dans notre vie quotidienne. Des premiers pas de bébé à notre façon de marcher, de la chute d’un quidam dans un restaurant à la façon de prononcer les noms de fromages, il révèle tous ces infimes éléments, souvent insaisissables, qui déclenchent le rire. Jos Houben, qui a présenté ce spectacle en anglais dans de nombreux pays, a pu vérifier que le rire était bien le propre de l’homme.

Entretien - Propos recueillis par Marie-Hélène Bonafé
« Spécimen masculin, 1,87 m, belge », c’est ainsi que se définit lui-même Jos Houben. Quel sujet aborde-t-il pour nous faire rire ? Le rire lui-même. Son spectacle, une sorte de conférence théâtralisée, décortique tous les mécanismes comiques qu’il a pu expérimenter dans sa carrière d’acteur, de metteur en scène ou de professeur.

Qu’est-ce qui vous a déterminé à passer du travail de comédien en compagnie au spectacle en solo ?
Jos Houben - Ma curiosité peut-être. J’ai toujours été comédien et pédagogue à la fois. La transmission et l’apprentissage m’ont toujours fasciné. À un moment donné, à Londres, j’ai créé et mis en scène deux ou trois spectacles burlesques, un peu surréalistes, dans le genre Monty Python, qui ont eu beaucoup de succès. L’humour y était assez violent, décalé et très physique. Dans le même temps, j’ai rencontré beaucoup de messieurs et de dames du musichall anglais qui m’ont appris des astuces, des mouvements et qui ont fait que je suis tombé amoureux du monde du burlesque. Tout cela s’est inscrit dans mon corps et je l’ai enseigné. Je faisais des master-class et participais à des festivals. On me disait : « Vous ne pouvez pas monter ce que vous faites dans votre stage ? Ça tient debout, c’est intéressant, engageant, c’est même touchant, pourquoi ne pas le proposer au public ? »

C’est ainsi que naquit L’art du rire ?
J’ai donc inventé cette formule d’une heure à partir de ce que je faisais avec les élèves et qui s’appelle aujourd’hui L’art du rire. Je n’avais pas cette intention au départ, je ne cherchais pas du tout à faire du spectacle en solo. Alors que je jouais dans Fragments de Beckett mis en scène par Peter Brook, une de ses assistantes, qui avait vu le spectacle sur le rire en a parlé à Brook qui m’a demandé de le faire chez lui… Les Bouffes du Nord ! Ce temple du théâtre ! Comme Peter n’aime pas qu’on lui dise non, je l’ai fait. Depuis nous n’avons jamais décroché le téléphone pour vendre L’art du rire. Le spectacle s’est vendu tout seul ! Le Théâtre du Rond- Point l’a repéré, volé presque… je suis déjà passé deux fois un mois et je dois y repasser encore un troisième mois… Je suis un peu perplexe quant à ce phénomène, qui me fait dire que parfois on trouve ce qu’on ne cherche pas !

Qu’est-ce qui a évolué depuis la master-class du début ?
Au départ c’est une démarche pédagogique, légère, pour divertir les gens, qui ne s’adressait pas à un public de spécialistes. Je joue beaucoup plus de choses aujourd’hui. J’ai construit un personnage, c’est plus sculpté, beaucoup moins improvisé. Mais c’est la même chose que ce que j’ai conçu la toute première fois. Je suis fier de ce bébé !

Quel personnage avez-vous construit ?
Quand on enseigne on a quelque part un personnage, un comportement, une façon de bouger, de parler. J’ai grossi le trait si vous voulez. Parfois je donne à ce professeur une certaine folie, mais attention, c’est subtil, je n’appuie pas sur l’excentrique et le comique et je reste dans mon sujet !

De quel rire est-il question dans votre masterclass ? Est-on du côté de Gargantua, de Bergson ?
Je n’utilise que mes expériences personnelles. J’ai toute la littérature sur le rire à la maison. Parfois, j’hésite, je lis… mais je ferme très vite Bergson et tous les autres parce que ça contamine ce que je fais. Le spectacle n’explique pas à proprement parler pourquoi et comment on rit. C’est un acte de tendresse pour un public : je le réveille, je le déséquilibre, je le rééquilibre… C’est un spectacle qui part du corps et de son comportement. Il décrit la façon dont nous sommes sensibles aux phénomènes de déséquilibre, de décalage, dans nos rapports avec l’espace et dans nos rapports avec les autres.

Quel message voulez-vous faire passer à travers ce spectacle ?
Plusieurs messages peut-être, que je découvre avec le public. C’est un spectacle « source ouverte ». J’écoute les gens, j’introduis même des phrases que l’on me donne. Un des messages pourrait être : nous sommes tous un peu en état d’amnésie de notre corps et de ses possibilités spontanées lorsqu’on ne cherche pas l’exploit pour l’exploit mais pour le plaisir d’exister et de bouger. Le spectacle propose comme une tentative de réconciliation de chacun avec son propre
corps. Soyons contents d’être là, avec les autres, comme on est ! Avec des permanences : nous sommes verticaux, on a un poids, on a des sensations de compression dans les genoux et chacun danse avec !

Joss Houben
Jos Houben fait ses études à l’Ecole Jacques Lecoq avec Philippe Gaulier, Monika Pagneux et Pierre Byland. Membre original du Théâtre de Complicité, il joue et collabore à la création du célèbre A Minute Too Late, qui bouleverse en 1985 le paysage théâtral en Grande-Bretagne et avec la compagnie collabore à un grand nombre d’autres projets. Il écrit et met en scène le duo absurdo-burlesque culte The Right Size (lauréat des prix Laurence Olivier Award : Meilleur spectacle en 1999 et meilleure nouvelle comédie en 2002) qui s’est produit dans le West End à Londres et sur Broadway à New York. Toujours en Grande- Bretagne, il co-produit et joue pour la télévision dans des programmes et séries burlesques à distribution mondiale : Mr Fixit pour Thames TV et Brum pour Ragdoll Productions. En France, en tant que comédien, Jos Houben a collaboré régulièrement avec le compositeur contemporain Georges Aperghis, notamment sur Commentaires (Paris/Avignon 1996), Zwielicht (Munich 1999) et Paysage sous surveillance (Bruxelles 2003). En 2008, il est l’un des interprètes de Fragments d’après Samuel Beckett, mis en scène par Peter Brook.
Récemment, Jos Houben a collaboré avec la Comédie-Française et a travaillé avec Jean-François Peyret. Jos Houben travaille dans le monde entier auprès de compagnies de théâtre, d’opéra, d’écoles de cirque, d’organisations internationales, d’universités, de festivals, d’écoles de danse et de magiciens en tant qu’enseignant ou en tant que consultant et, depuis l’an 2000, il est enseignant à l’école Jacques Lecoq.