Opéra
FALSTAFF

Giuseppe Verdi (1813-1901)

31 Mars ► 03 Avr. 2011

direction musicale Mark Shanahan | Mise en scène Patrice Caurier et Moshe Leiser

Longtemps Giuseppe Verdi rêva du Roi Lear dont le règne cruel et solitaire s'éteint dans la folie. Il n'en laissera qu'un livret inachevé mais, de Macbeth à Otello, Shakespeare ne l'a jamais quitté. à soixante-dix neuf ans, délaissant les fresques historiques que sa musique avait si bien servies, c'est vers le Shakespeare des comédies qu'il se tourne finalement pour lui emprunter son Falstaff, truculent personnage dont la rondeur bouscule Henri IV et Les Joyeuses Commères de Windsor.

Comme pressé par l'urgence de l'âge, Giuseppe Verdi ne s'encombre ici d'aucune ornementation, dévore l'abondance des mots et l'accumulation des scènes avec un sens consommé du théâtre, fond les airs en un arc-en-ciel de nuances et, plutôt que de céder à la tristesse d'une oeuvre testamentaire, fait de son Falstaff un magnifique festin musical, un chatoyant hommage à la vie.

Entre comédie et conte sans morale, c'est sa propre fin que Verdi met en scène. Planté dans son théâtre, il s'amuse d'un rien, s'effraie de peu, gronde sans sermonner, joue avec une gravité enfantine et, comme pour s'éviter les pièges effrayants de la vieillesse, interdit à son Falstaff tout ce qui pourrait lui être fatal : " Gros-Ventre est sur le chemin qui mène à la folie. Il y a des jours où il ne bouge pas, où il dort et où il boude ; à d'autres moments il crie, il court, il saute, il fait un tas d'histoires... Je le laisse enrager un peu ; mais s'il continue, je lui mettrai une muselière et l'habillerai d'une camisole de force. "