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FALSTAFE

Lazare Herson-Macarel

15 Dec. ► 19 Dec. 2014

Du lun. au mer. 19H30 | Jeu. et ven. 20H30 | Durée 1H15

Rencontre à l’issue du spectacle le 17 déc.

Soirée Enfants le 19 déc. | 3€ - Réservation 02 41 22 20 20

Spectacle en audio-description le 17 déc.

Jérémie Papin

De Valère Novarina d’après Henri IV de Shakespeare 

Adaptation et mise en scène Lazare Herson-Macarel

 

Après sa création au Festival in d’Avignon, une nouvelle troupe, implantée en Maine-et-Loire, présente l’oeuvre d’un auteur contemporain qui revisite dans une langue foisonnante un drame historique de Shakespeare sur les égarements de la jeunesse.

Henri IV se désespère de l’inconséquence de son fils : le Prince Henri déshonore son rang en passant ses jours et ses nuits dans les tavernes en compagnie du vieux Falstafe, soldat fanfaron et poltron notoire. Mais aux frontières de ce royaume en déséquilibre, la rébellion gronde. Elle est menée par le jeune Percy, guerrier fougueux et vertueux. L’affrontement est devenu inévitable : quelqu’un doit sortir vainqueur. Valère Novarina est un jeune poète quand, en 1976, il revisite l’oeuvre de Shakespeare dans ce Falstafe. Ici, l’invention verbale galope après la totalité du monde, l’homme, la nature, les dieux.

La Compagnie de la jeunesse aimable est une très jeune troupe qui a fondé en 2010 le festival du Nouveau Théâtre populaire à Fontaine- Guérin. Cinq acteurs nous emportent ici dans l’imaginaire politique du grand Will, revu par un grand dramaturge d’aujourd’hui. Un spectacle poétique, revivifiant et plein de promesses.



PROGRAMME DE SALLE

Le vieux Bolingbroke devenu Henri IV se désespère de l’inconséquence de son fils, le Prince Henri – qui déshonore son rang en passant ses jours et ses nuits dans les tavernes en compagnie du vieux Falstafe, soldat fanfaron, ivrogne rêveur et poltron notoire. Mais aux frontières de ce royaume en déséquilibre, la rébellion gronde. Elle est menée par le jeune Henri Percy, noble guerrier, fougueux, vertueux et précoce. L’affrontement entre les deux princes, entre les deux mondes, entre les deux théâtres, est devenu inévitable. De la joie et de la haine – quelqu’un doit sortir vainqueur. Les chroniques rapportent qu’en 1600, les premières représentations d’Henri V furent interrompues par les cris du public réclamant : « Falstafe ! Falstafe !». Le public du Globe avait soif de retrouver sa nouvelle idole : le gros Falstafe – l’ivrogne, le menteur, l’irresponsable – qui résume à lui seul tous les vices de l’humanité. Pourquoi ce désir ? Le public avait compris, ce grand enfant : Falstafe, c’est le théâtre ! C’est une connaissance plus ancienne et plus profonde que celle qui est renfermée dans les livres, une sagesse située bien au-delà, ou en deçà, du Bien et du Mal. C’est l’incarnation du Gai Savoir. C’est la connaissance essentielle qui fait le désir de Faust. C’est cette connaissance dont personne n’est exclu, qui est permise à toutes les âmes intactes. C’est un certain art de vaincre la mort en la jouant. Ce plaisir essentiel du théâtre – universel, inné, unique, nécessaire et consolant – me semble une raison suffisante pour monter Falstafe. D’autre part, Falstafe est l’oeuvre d’un poète vivant. Un poète dialoguant avec un autre par-dessus la mer et à travers le temps.
Réécrivant Henry IV, Novarina nous livre une grande oeuvre de langue française, de celles qui n’utilisent pas la langue ; mais l’explorent, l’éprouvent, l’abîment, l’abyment, l’étendent et l’inventent. C’est une forme de génie littéraire que j’aime à concevoir comme un regain : dans un monde déchiré par la haine, Falstafe témoignage de l’éternel retour de la fantaisie libératrice, du pouvoir jubilatoire de l’invention, d’une joie sans cause qui seule justifie notre existence. Jouvet écrit : « Nous sommes ainsi faits. C’est le superficiel qui nous émeut. » Par sa superficialité même, le personnage de Falstafe nous touche. Comme Gargantua,comme Don Quichotte, comme Ubu, il occupe une fonction symbolique au moins aussi importante que celle des grands héros tragiques : il nous redit que la vie est un jeu. Les enfants ne sont-ils pas préoccupés de cela seulement : jouer ? Et ne sommes-nous pas saisis par le sérieux de leur art ? Par la toute puissance de leur imagination ? Falstafe est leur frère, qui n’a jamais voulu grandir. Ainsi, c’est un travail de « désapprentissage » que je me propose de mener avec les acteurs. À l’instar de Picasso, qui cherchait à peindre « aussi parfaitement qu’un enfant de trois ans », il nous faudra régresser beaucoup. La langue instinctive et prolixe de Novarina nous demande de remonter aux origines de notre vocation d’acteurs afin de tendre un miroir aux enfants, et de rendre hommage à leur profonde sagesse : vivre suffit. Mais Falstafe est aussi le récit d’un parcours initiatique, avec ses choix, ses renoncements, ses victoires sur soi-même. Notre spectateur s’identifiera à coup sûr au jeune Prince. Le futur Henry V, tiraillé entre Falstafe et Bolingbroke, entre un père joyeux et un père déçu, remet toujours l’âge adulte au lendemain. C’est la figure mythique du Cancre – il en a l’insouciance, le sens du rythme, l’amour des petites choses, la haine de l’ennui. C’est à ceux-là que je voudrais adresser la mise en scène de Falstafe. C’est avec eux que je voudrais explorer l’improbable, l’inhabitude, l’interdit – en quoi les enfants sont maîtres. Comme l’écrit souvent Novarina, il s’agit pour les acteurs de s’émerveiller ensemble d’être des animaux parlants, et de « sortir d’homme. » Il sera bien temps, plus tard, au terme de la pièce comme au terme de l’enfance, d’endosser son lourd costume d’adulte. Je rêve les représentations de Falstafe comme une fête – une vraie fête, avec son banquet, ses guirlandes de lumière et son orchestre improvisé. Un espace et un temps entièrement dévolus à la transgression des conventions admises, à la folie. Une fête qui aurait la même puissance symbolique, la même force de bouleversement spirituel qu’un jour de Carnaval – quand les mendiants s’habillent en rois et les rois en mendiants, et que pour une heure enfin les derniers sont les premiers.
Lazare Herson-Macarel

Nouveau Théâtre Populaire
Quel meilleur endroit que le jardin d'une enfance pour construire un théâtre ? Quand en 2009 Lazare Herson-Macarel invite ses compagnons à bâtir loin de Paris une scène qui bientôt devient le Nouveau Théâtre Populaire, ce n'est en rien pour fuir, mais bien pour établir un endroit où se garantir « une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse ». Empruntant à Arthur Rimbaud cette phrase d'Une saison en enfer pour nommer sa compagnie, Lazare Herson-Macarel se fixe comme devise la persévérance à « saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle ». Le festival du NTP, qui se déroule chaque mois d'août dans le Maine-et-Loire, réunit les conditions de ce renouvellement. En alternant les places, les membres de la troupe sont acteurs et metteurs en scène selon les créations, et se gardent ainsi du sommeil que provoque l'habitude. L'histoire de Jean Vilar a sûrement guidé la troupe jusqu'à Avignon, vivant déjà à Fontaine-Guérin le quotidien d'un théâtre ouvert à tous.

Lazare Herson-Macarel
Directeur de la compagnie de la jeunesse aimable, il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre dont L’enfant meurtrier (aide à la création du CNT) qu’il met en scène au Théâtre de l’Odéon (Festival Impatience) en 2009 et Le Chat botté et Peau d’Ane qu’il crée en partenariat avec les Instituts Français du Maroc en 2010. En 2009 il co-fonde le Festival du Nouveau Théâtre Populaire (NTP, Fontaine- Guérin, Maine-et-Loire) pour lequel il met en scène Le Misanthrope de Molière (2009) et Le Cid de Corneille (2010). Comme acteur, il se forme au Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique dans la classe de Nada Strancar et joue notamment sous la direction de Léo Cohen-Paperman, Nicolas Liautard, Olivier Py et John Malkovich