Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche

Parce qu’il soupçonne sa femme Philomène d’entretenir une liaison, Ervart met régulièrement la ville à feu et à sang. Afin de mettre un terme à cette lubie, Philomène fait appel à un psychanalyste-citationniste… Une véritable comédie contemporaine, une farce folle de la lignée des Monty Python qui trouvent un digne et fantasque héritier en Vincent Dedienne pour le rôle-titre.

Laurent Fréchuret orchestre une troupe éclectique de neuf comédiens pour actionner furieusement les fantaisies de cette comédie à explosions, véritable machine à jouer. Partant de la comédie et du grotesque, Hervé Blutsch, auteur contemporain, qui pourrait bien être l’arrière-petit-fils de Jarry, réinvente ici, avec brio, la farce contemporaine. Ervart est une ballade de fous, un jeu à bout de souffle, une farce et une tragédie mêlées, et donc une grande Comédie. La pièce raconte l’histoire d’un homme fou de jalousie qui ne fait plus la part entre la réalité et l’imagination, un archétype nouveau, un super héros d’aujourd’hui : le Jaloux fantastique. Cette farce fantasmagorique est peuplée de personnages rares, borderline, tordus, passionnants. Un vrai catalogue de fous, un défilé d’humains… trop humains. L’univers, s’apparentant à du Lewis Carroll autant qu’aux Monty Python, est plein de fantaisie et de surprises, frôlant parfois l’art brut. Puis la mélancolie soudaine, le moment furtif de tendresse pour une humanité qui tombe des nues. Le burlesque et l’effroi se partagent l’inattendu et ses éclats. Un spectacle d’une ambition poétique salutaire, celle de jouer avec le théâtre comme art total, un génial bricolage !