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DANS LA RÉPUBLIQUE DU BONHEUR

Élise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo

04 Dec. ► 06 Dec. 2014

Jeu. et ven. 20H30 | Sam. (!) 18H

Soirée Enfants le 6 déc. | 3€ - Réservation 02 41 22 20 20 

Spectacle surtitré en français le 6 déc.

DR

De Martin Crimp

Mise en scène Élise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo

 

Noël, dans une famille pas comme les autres... Une comédie cinglante sur l’égoïsme humain. Huit comédiens-chanteurs survoltés pour un jeu de massacre imaginé par un auteur britannique très hype

25 décembre, famille au complet. Tom et sa femme, parents aimants et protecteurs, leurs deux filles Debbie et Hazel, toutes chamailleries, une grand-mère qui se veut toujours plus conciliante et un grand-père gâteux, s’inventant une vie de héros. L’arrivée de l’oncle Bob et de sa femme Madeleine perturbe la fête. Place aux désaccords, aux discordes, à la destruction. La famille implose et la pièce explose. Les personnages perdent leur individualité, l’œuvre devient chorale pour décaper au mieux la complexité des relations humaines. D’un humour cinglant, ponctuée de chansons, cette comédie absurde et musicale révèle avec acidité la névrose généralisée d’un aujourd’hui trop souvent sécuritaire et consumériste. 

Orfèvres en écritures scéniques ultra-contemporaines (Copi, Philippe Minyana, Leslie Kaplan) le talentueux duo Marcial Di Fonzo Bo et élise Vigier mettent en scène pour la première fois Martin Crimp, un dramaturge très prisé des grandes scènes européennes (Atteintes à sa vie, 1997, La campagne, 2000). Une rencontre de plateau très attendue avec des comédiens explosifs. 

PROGRAMME DE SALLE

La république du bonheur
Martin Crimp pose une question fondamentale pour l’Europe d’aujourd’hui : est-ce que l’uniformisation ne nous mène pas vers une sorte de « dictature du bonheur » ? Un « tout pareil » qui nous arrive de plus en plus nettement avec la mondialisation et l’impasse du capitalisme ?
La pièce explore le fonctionnement d’un groupe à différentes échelles. En partant de la plus petite – la cellule familiale un soir de Noël – et en agrandissant peu à peu le cercle. Ces questions sur la liberté de l’individu à l’intérieur de la famille, du collectif, de la république, sont posées ici avec beaucoup d’humour.

Un divertissement en trois parties


1. Destruction de la famille
Pour commencer, une forme assez classique : une famille s’apprête à fêter Noël quand un couple (l’oncle et sa compagne) fait irruption pour annoncer leur départ définitif vers une destination encore inconnue, et dire sa vérité à chacun (en tentant d’aller au plus profond et au coeur des choses.). La famille deviendra alors une petite collectivité face à un ennemi, l’étranger. Leur arrivée va créer une crise ou déprise identitaire des personnages et la forme même de la pièce commencera à se transformer devant nous.

2. Cinq libertés essentielles à l’individu
À la deuxième partie du texte, les personnages sont habillés pareil, ils parlent de volonté, de style, d’énergie et de moyens, d’être unique et libre, se défendent d’appartenir à un groupe, ils pensent à partir d’eux et de ce qu’ils ressentent, reprennent ce que dit l’autre, perdent leur « je »… cela devient une matière textuelle, une expérience de plateau qui demande à tous de s’inventer à l’intérieur de la forme, dans l’ensemble. Cette partie sera un point de départ important pour le travail de plateau : on est « les mêmes », on fait chacun partie d’une famille, on se lève le matin, on fait des gestes en commun, boire le café, manger, aimer, marcher, se détacher de sa famille. Ces micro-actions quotidiennes sont identiques et pourtant chaque déclinaison est différente, l’histoire de chaque pays, de chaque personne et de chaque vie est différente. Et cet intime, est présent dans les détails. Un travail particulier sera réalisé sur ces détails : comment l’individu est tiraillé entre l’envie de se détacher du groupe, d’être libre et l’envie de ressembler, d’être englobé, de faire partie d’une famille, d’un collectif, d’un pays.
La présence de musiciens sur scène et de chansons dans le texte est essentielle, c’est ce qui rythmera cette danse du collectif, le son de cette « Usine - univers », la répétition des gestes du quotidien. C’est aussi par les chansons qu’arrive un humour grinçant, et que le texte prend la forme d’une comédie musicale (comédie du bonheur) absurde et décalée. « With music I can open a heart as easily as you can open a door and reach right in » Avec la musique je peux ouvrir un coeur aussi facilement que vous ouvrez une porte et arriver dedans.
Martin Crimp

3. Dans la république du bonheur
La pièce s’achève par un tableau calme et étrange. Nous sommes de retour à l’origine, dans un espace mental et poétique ou le langage est à réinventer. L’espace de la représentation – le décor – sera un lieu collectif banal (gymnase, cantine, cour d’école ou encore un hall d’aéroport). Ces lieux qui, où que l’on soit à travers le monde, sont conçus pour que le collectif puisse y vivre de façon pratique.

Martin Crimp
Né en 1956 dans le Kent (Grande-Bretagne), Martin Crimp débute sa carrière de dramaturge dans les années quatre-vingt en écrivant pour la radio. Ses textes sont récompensés par plusieurs prix et ses premières pièces sont produites par l’Orange Tree Theatre de Richmond, en banlieue de Londres. C’est au cours des années quatre-vingt-dix que ses pièces commencent à être reconnues au-delà des frontières britanniques, notamment grâce à une résidence à New York et à sa collaboration avec le Royal Court Theatre de Londres en 1997, en tant qu’auteur associé. Son oeuvre est publiée en France par l’Arche Éditeur. Parmi les nombreuses pièces éditées, citons Getting Attention (1991), Atteintes à sa vie (1997), La Campagne (2000), Le Traitement (2000), Tendre et cruel (2003), Ciel bleu ciel (2007). Il est également auteur d’un livret d’opéra, Into the Little Hill (2004-2006). Martin Crimp est en outre traducteur et adaptateur de quelques pièces de Ionesco, Koltès, Molière, Marivaux et Genet.

Le théâtre des Lucioles : un collectif d'acteurs
Réunissant David Jeanne Comello, Marcial di Fonzo Bo, Frédérique Loliée, Pierre Maillet, Philippe Marteau, Valérie Schwarcz, Elise Vigier, les Lucioles existent depuis 1994. Ses membres fondateurs sont tous acteurs, issus de la première promotion de l’Ecole du Théâtre National de Bretagne à Rennes (1991/1994). Le TNB était alors dirigé par Emmanuel De Véricourt, et la direction artistique de l’école suivie par Christian Colin, assisté de Claire- Ingrid Cottanceau. Dès la troisième et dernière année de formation, la question de créer un collectif d’acteurs émerge avec l’envie de continuer à travailler ensemble, sans créer une compagnie exclusive et fermée, ni une communauté. Le collectif s’est fondé à partir des différences, des univers et des capacités de chacun. Il n’y a pas un metteur en scène référent, mais plusieurs, selon les projets. Il s’agit toujours aujourd’hui de penser et d’expérimenter des modes de fonctionnement en privilégiant les rencontres, en re-questionnant les créations au fur et à mesure, en re-questionnant les modes de productions, et parallèlement au travail dans la compagnie de pouvoir travailler ailleurs.