L’auteur contemporain britannique Dennis Kelly, véritable maître des situations inquiétantes liant l’étrange au familier semble écrire de prime abord un fait divers terrifiant. Lors d’un jeu qui tourne mal, un groupe d’adolescents met à mort un de leurs camarades. Réunis dans un bois qui leur sert de quartier général, ils cherchent un moyen de se disculper. Inspirés par les séries et les journaux télévisés, ils vont élaborer un plan ingénieux. Les personnages de ADN sont perpétuellement en recherche d’eux-mêmes, d’une place dans ce monde, d’une place dans leur groupe, qui, au gré des évènements se construit et se défait. Qui est en mesure de prendre la décision pour le reste du groupe ? Mais l’adolescent qu’on croyait mort resurgit comme une bête sauvage : il a survécu. Le groupe va alors devoir faire face à de lourdes prises de décisions. Peut-on ôter une vie sans conséquence ? Quelle est cette force sombre qui n’appartient qu’au groupe et dissout toute individualité ? Pour mettre en scène cette pièce d’une tension inouïe et interpréter dix adolescents, Garance Rivoal dirige une équipe jeune, entièrement féminine. Le spectacle joue avec nos perceptions pour traiter de la violence sous-jacente au monde de l’enfance comme de la responsabilité individuelle au sein du groupe. La musicalité et la structure cyclique de la langue de Kelly, l’importance du hors-champ renforcent le trouble pour mieux bousculer nos propres certitudes et ambiguïtés.