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Retours

Fredrik Brattberg / Frédéric Bélier-Garcia

20 Mai. ► 29 Mai. 2019

Du lundi 20 au mercredi 29 mai à 20:00, samedi 25 à 18:00
relâche dimanche 26

Durée estimée 1h50

Mercredi 22 mai : rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation

Vendredi 24 mai : soirée enfants

En écho FabriQue #22

Photos répétitions © Christophe Raynaud de Lage

SUIVI DE LE PÈRE DE L’ENFANT DE LA MÈRE

La nouvelle création de Frédéric Bélier-Garcia s’annonce joueuse et exaltée avec ces deux satires fiévreuses de la famille contemporaine portées notamment par la pétillante Camille Chamoux. Ces « comédies catastrophes » du jeune norvégien Fredrik Brattberg sondent et croquent la nouvelle sainte trinité laïque – père, mère et enfant – oscillant entre réalisme, comédie et grotesque, pour libérer un regard critique cinglant sur nos valeurs actuelles.

Retours. Ça commence très sérieusement : le salon d’un couple de quadras, en deuil de leur fils, un adolescent disparu six mois plus tôt dans une avalanche. Jusque là on est en Norvège, comme on l’imaginait : temps bas, paysages blancs, méandres de l’âme, répliques elliptiques, chiens errants dans une neige molle… Mais se produit l’inconcevable : on sonne à la porte... et le fils revient, et surtout cette porte ne va cesser de s’ouvrir… Le style de Fredrik Brattberg est brillant et imprévisible. Avant d’écrire pour le théâtre, l’auteur est compositeur et grand interprète classique – notamment – de Beethoven. Il maîtrise l’art de la fugue, une forme de composition musicale dont le thème passant successivement dans différentes tonalités, semble sans cesse fuir. On ne sait si on assiste à plusieurs possibilités d’une même scène (le retour de l’enfant cru mort) et/ou à une suite de scènes successives (où un enfant sans cesse revient d’une mort supposée).

Les situations semblent d’abord quotidiennes puis glissent pour laisser paraître un fond très étrange, parfois surréaliste, d’un Buñuel trivial et farceur, décidé à nous faire rire beaucoup, souvent jaune ou rouge. L’auteur moud l’ordinaire, l’évidence de cette famille, pour y faire suer ce qui la ronge de menace, d’inquiétude, d’hypocrisie consciente ou inavouée et fait monter des couleurs et des vérités que nous ne leur connaissions pas. À quoi nous sert l’amour des enfants ? Qu’est-ce qui s’y joue ? Qu’est-ce qu’on y joue ?

Le directeur du Quai CDN fait le choix de monter les deux pièces ensemble comme pour mieux en révéler les différents fragments, les multiples faces, d’un même problème : l’amour et l’enfantement. Le trio explosif sera composé de Jean-Charles Clichet (puissant complice de Frédéric Bélier-Garcia tant chez Feydeau que chez Shakespeare), Camille Chamoux (figure montante tant à la scène qu’à l’écran, créatrice et interprète de Née sous Giscard et actrice de la série J’ai 2 amours) et Dimitri Doré (révélation époustouflante de la saison passée, découvert dans la création de Jonathan Capdevielle, À nous deux maintenant).

Chez Fredrik Brattberg, qui a obtenu pour Retours le prix Ibsen, la plus prestigieuse distinction théâtrale en Norvège, tragédie et comédie avancent de concert, s’assimilent. Une fusion étonnante qui trouve un écho lumineux sur la scène de Frédéric Bélier-Garcia qui aime à mixer les genres, bousculer les codes pour une création furieusement jubilatoire.