Retraçant de manière fragmentaire et partielle l’enfance de ce garçon aux cheveux roux, mal-aimé de sa mère et délaissé par son père, le roman de Jules Renard apparaît comme une collection de souvenirs disparates dont il est impossible de déterminer la vérité ou la fausseté. Poil de Carotte est-il réellement martyrisé par sa mère ou se l’imaginet- il ? Est-il cet enfant cruel que dépeignent ses parents ou simplement révolté par l’injustice de la vie ? Qui est finalement ce personnage aux cheveux rouges, inquiet et enragé, terriblement attaché à la vie ? Dans ce spectacle articulé en deux parties distinctes, les enfants font d’abord connaissance avec le héros au coeur de la grange de la famille Lepic, à travers la rencontre et le dialogue avec Annette, nouvelle bonne tout juste embauchée. Puis l’espace se transforme et se déploie à la manière d’un livre d’images, librement inspiré des vignettes de Jules Renard. Là, nous voyageons à travers les souvenirs du jeune garçon, moments de vie à la fois fugaces et intenses.
Les tableaux proposés, à rebours de toute logique linéaire, sont magnifiques. Libre au spectateur de tisser ses propres liens, de se laisser enchanter par les images et de repartir avec des interrogations et des sensations venues tout droit de l’enfance, plus profondes que ce qu’il aurait d’abord pu soupçonner.