L’idée de théâtre n’a jamais quitté Mallarmé, auteur de l’Azur, Les Fleurs, Brise Marine et surtout Hérodiade, projet de toute sa vie, et son frère solaire Le Faune, parus entre 1863 et 1866. La profondeur et la grandeur de sa quête poétique unique ne seront reconnues que près d’un siècle plus tard. À vingt-trois ans, déjà poète, Mallarmé rêve de scène, espace de tous les possibles en cette moitié de XIXe siècle. Mais les portes ne s’ouvriront jamais, pas plus pour le « monstre aux amants vulgaires de la vie », l’hivernale Hérodiade, que pour le brûlant Faune.
Gwenn Froger, chercheur actif, a écrit préfaces et études de la poésie mallarméenne avant d’offrir à celle-ci une vie scénique. Suite à un premier travail de plateau en 2011, la mise en miroir des deux pièces avortées de Mallarmé Hérodiade et Le Faune en est aujourd’hui la suite naturelle. L’esprit demeure : faire entendre une musique poétique et l’incarner sensuellement. Gwenn Froger réunit étudiants de la classe d’Art dramatique du Conservatoire à Rayonnement Régional d’Angers, créateur sonore, créateur lumières et vidéaste pour donner à voir et plus encore à ressentir ce que symbolisent celle qui « aime l’horreur d’être vierge » et le « Satyre aux baisers inexperts ». Un diptyque lunaire et solaire, introspectif et généreux, poétique et mystérieux.