Née en 1940 sur l’île caribéenne de Tobago, Calypso Rose – née Linda McArtha Monica Sandy-Lewis – est une figure incontournable du calypso. Elle écrit sa première chanson à l’âge de quinze ans et en est aujourd’hui à plus de 800 ! Elle incarne, avec une énergie qui semble inextinguible, la musique frondeuse du carnaval de Trinidad.
Cette énergie, c’est celle qui l’a amenée là où elle est aujourd’hui. Fille d’une fratrie de treize enfants, dans une famille pauvre, elle s’oppose dès l’adolescence à son père qui lui refuse l’accès au carnaval de Trinité-et-Tobago – « l’expression du diable » selon lui – et aux conservateurs machistes du calypso. Elle sera la première femme couronnée reine du carnaval en 1972, succédant à des légendes telles que Mighty Sparrow ou Lord Kitchener.
Le plus surprenant avec cette artiste engagée, féministe, c’est que le temps ne semble pas avoir prise sur elle. Sa musique qui puise dans ses origines caribéennes, se nourrit du présent et s’hybride avec brio au ska, à la soca ou au dub. Rien ne semble pouvoir arrêter sa bonne humeur militante et contagieuse. Sur scène, c’est tout l’esprit du carnaval qui l’accompagne, l’esprit de révolte d’esclaves africains qui, jadis, exorcisaient par la fête leurs conditions d’existence. Alors exceptionnellement rangeons le gradin pour profiter des oreilles jusqu’aux pieds de cette cure de jouvence caribéenne !