Sophocle | Adel Hakim
© Nabil Boutros
Prix de la Critique dramatique du meilleur spectacle étranger 2012, une Antigone présentée en arabe par le Théâtre National Palestinien. Le choix de la pièce de Sophocle est d'une extrême justesse par rapport à la situation du Moyen-Orient. Mais c'est l'art et le partage qui réunissent ici le public
Après la guerre fratricide des fils d'≈ídipe, Etéocle et Polynice, Créon, leur oncle, devient roi. Il décide de rendre les honneurs funéraires à Etéocle et de jeter le cadavre de Polynice aux chiens. Antigone s'y oppose et veut enterrer son frère Polynice. Créon la condamne alors à mort. Hémon, son fiancé, va essayer de sauver la jeune femme qu'il aime. La tragédie se noue, le conflit est déclaré entre morts et vivants.
Joué dans des costumes contemporains, devant la façade d'un palais très actuel, le spectacle du directeur du Centre dramatique national d'Ivry nous éloigne des interprétations convenues. Comme si, d'être jouée par des comédiens porteurs d'une histoire brûlante, la leur, celle du peuple palestinien, Antigone prenait soudain un sens neuf. Le jeu magnifique de violence contenue de Shaden Salim, interprète d'Antigone, évoque tous les excès d'une foi archaïque qui peut conduire au terrorisme.
La voix du poète Mahmoud Darwich, la musique du Trio Joubran font écho à cette ouvre si lointaine, et si proche de par sa vérité humaine.
La presse
Tout est exprimé, dans le jeu nerveux doublé d'une mise en scène à la délicatesse de pinceau, sans qu'on déplace le génie grec : la douleur intime et le mensonge des puissants. Gilles Costaz, Politis.
Avec les acteurs du Théâtre National Palestinien (Jérusalem), Hussam Abu Eisheh, Alaa Abu Garbieh, Kamel Al Basha, Mahmoud Awad, Yasmin Hamaar, Shaden Salim, Daoud Toutah | scénographie et lumières Yves Collet | musiques Trio Joubran | texte arabe Abd El Rahmane Badawi | texte français Adel Hakim | poème Sur cette terre | texte et voix de Mahmoud Darwich | traduction Elias Sanbar | assistant mise en scène Raymond Hosni | costumes Shaden Salim | vidéo Matthieu Mullot et Pietro Belloni photos Nabil Boutros