théâtre
TOUTE VÉRITÉ

Caroline Gonce

06 Juin ► 10 Juin 2011

de Marie Ndiaye et Jean-Yves Cendrey | Mise en scène Caroline Gonce

Un père et son fils ; rapport de force et procès à charge. Les deux hommes s'adressent l'un à l'autre, s'affrontent. Après une reprise au Théâtre du Rond- Point, le retour à Angers d'une pièce intense, écrite à quatre mains.

Mari et femme depuis vingt ans, Marie NDiaye et Jean-Yves Cendrey ont écrit à quatre mains ces mots qui vrillent, cette confrontation d'une violence extrême qui permet à chacun d'affronter sa propre histoire. Combat de titans entre un père et son fils. L'un a été un militaire de carrière, l'autre a fui le foyer à l'adolescence. La voix du fils est celle, authentique, du romancier Jean-Yves Cendrey qui livre une déclaration de guerre au patriarche sur le modèle de la Lettre au père de Kafka. " Au catéchisme, on me faisait ce commandement : tu honoreras ton père et ta mère, puis je rentrais à la maison me faire taper dessus. " La voix du père qui entrecoupe la charge du fils est imaginée par Marie NDiaye qui laisse entendre des circonstances atténuantes. Sur le plateau nu, sous les belles lumières de Patrice Trottier, Caroline Gonce dirige avec une minutie chirurgicale cette partition à deux voix, deux plaidoyers d'hommes simples en proie au monstre de l'autre. Hommes ou femmes, les spectateurs ne peuvent qu'entendre l'écho de leur petite musique familiale personnelle, ce qui leur a manqué, ce qu'ils en ont fait et, en filigrane, une compassion immense pour ces fils et ces pères qui ne peuvent accéder à la sérénité.

La presse
Pièce sur la filiation et l'héritage paternel, Toute vérité trouve aussi un écho dans le parcours même de Caroline Gonce dont il s'agit de la première mise en scène après plusieurs expériences aux côtés de Frédéric Bélier-Garcia. Son choix radical de l'épure fait qu'elle mise tout sur la force du texte, le jeu sobre des acteurs et les éclairages crépusculaires de Patrice Trottier.
Bertrand Guyomar, Le Courrier de l'Ouest