Danse
SAKINAN GOZE COP BATAR

Christian Rizzo

12 Fev. 2013 — 00:00

© Marc Domage

DIPTYQUE CHRISTIAN RIZZO

SAKINAN GOZE COP BATAR "C'est l'oeil que tu protèges qui sera perforé"

Comme ces peintres qui passent allègrement des grands formats aux miniatures, Christian Rizzo aime revenir à l'intimité du solo entre deux créations de groupe. Ces variations d'échelle lui permettent de régénérer le regard qu'il porte sur son propre travail et esquisser de nouveaux horizons chorégraphiques.

Tout a commencé par le désir de ne pas monter lui-même sur scène pour laisser la place à Kerem Gelebek, danseur formé au CNDC d'Angers qui a participé à plusieurs de ses spectacles. " Je reconnais en lui quelqu'un que j'ai pu être il y a quelques années, explique Christian Rizzo : sa façon de bouger et d'occuper l'espace, sa silhouette, son maintien, ses postures ". Le résultat prend ainsi des airs d'autoportrait par procuration. Kerem Gelebek rejoue des actions que Christian Rizzo a pu accomplir lui-même dans de précédents solos, notamment l'agencement minutieux d'objets sur le sol. Le danseur agit en vertu d'une sorte d'instinct mimétique où transparaît également son histoire personnelle ‚Äì lui qui a quitté son pays, la Turquie, pour venir danser en France. C'est dans cet entre-deux biographique que se situe l'enjeu du spectacle. Le sentiment d'exil dont il est question n'est pas tant géographique ou politique qu'existentiel. il s'agit d'une sorte d'exil à soi-même emprunt de mélancolie. Adepte des titres en forme d'énigmes, Christian Rizzo a conservé dans sa version originale la formule que lui a proposée Kerem Gelebek. Cette expression turque signifie approximativement : " c'est l'oeil que tu protèges qui sera perforé ". Autrement dit, c'est quand on se tient trop sur ses gardes que le pire finit par se produire. " Cette injonction, précise Christian Rizzo, a une valeur quasi-programmatique, elle s'adresse au public : observez ce qui se passe, lâchez prise et tout se passera bien. "