Musique Musique
Requiem pour L.

Fabrizio Cassol & Alain Platel, Les ballets C de la B

11 Jan. ► 12 Jan. 2019

Vendredi 11 à 20:00 et samedi 12 janvier à 18:00

Durée 1h40

Samedi 12 janvier : soirée enfants

Programme détaillé

Hypnotique et magistral, ce Requiem pour L. fera date. Angers sera l’unique ville du Grand Ouest à accueillir la dernière création du chorégraphe Alain Platel et du compositeur Fabrizio Cassol. Quatorze musiciens évolueront sur la scène du Quai, revisitant et métissant le Requiem de Mozart dans une cérémonie poignante qui interroge notre rapport intime au deuil.

Dans une scénographie qui n’est pas sans évoquer le Mémorial de l’Holocauste de Berlin, quatorze musiciens dirigés par Rodriguez Vangama livrent une adaptation contemporaine et cosmopolite de l’ultime oeuvre de Mozart. Dès les premières notes de musique, la solennité religieuse de la messe originale laisse place à une fête païenne dans laquelle les émotions se bousculent. La brillante adaptation de Fabrizio Cassol fait entendre chaque interprète dans sa singularité et non plus comme un choeur anonyme.
L’imposant orchestre laisse la place à une guitare électrique, un accordéon, un euphonium, trois likembes (pianos à pouce) et des percussions. Pour Fabrizio Cassol, tout fait partie d’un univers sonore qu’il a toujours défendu et qui se nourrit des traditions musicales spécifiques (pygmée, Inde, Mali) qui ont toujours été liées à des formes de spiritualité. C’est là que se trouve le grand défi du spectacle : représenter une autre sorte de cérémonie pour le deuil, qui ne soit ni occidentale, ni africaine.
On en sort troublé, ému, pris d’une furieuse envie de vivre.

« Pendant très longtemps, j’ai été gêné d’expliquer au directeur musical avec qui je travaillais que je connaissais très peu la musique, que je ne savais pas lire la musique. Mais le retour que j’avais des musiciens professionnels sur mon regard presque infantile, c’était « la façon dont toi tu parles la musique c’est exactement comment moi je me sentais avant de devenir musicien, c’est-à-dire cette passion que j’avais ». J’ai été sensibilisé à la musique par mes parents, des amis, mes soeurs, mon frère. Le maître mot c’était sensible et ouvert à beaucoup de choses et de ne pas avoir d’a priori : la musique populaire, la musique classique, la musique étrangère, tout m’intrigue. Les sons m’intriguent. Ce qui est essentiel pour moi c’est de considérer autant les larmes que nous pouvons avoir sur une chanson de Céline Dion que sur la musique de Mozart. »
Alain Platel in Divague n°1

Maître flamand de la mise en scène, Alain Platel est autodidacte et orthopédagogue de formation. Il crée Emma (1988), Bonjour Madame (1993), La Tristeza Complice (1995) et lets op Bach (1998), des productions qui propulsent sa troupe, les ballets C de la B, au sommet international. Ses pièces révèlent les beautés des corps, particulièrement lorsqu’ils paraissent tordus, vieillis, abîmés. Son art, qui oscille entre danse et théâtre, met en lumière des interprètes en mouvement, éprouvant leurs limites, leurs potentialités et leurs capacités d’être ensemble. Cette exploration, qui commence avec Stabat Mater en 1984, s’incarne dans une oeuvre généreuse et politique qui oppose joie de vivre et énergie aux conditions de (sur)vie de certains de ses contemporains, de la réalité d’un dépotoir, Tauberbach (2014), à celles des musiciens congolais, Coup fatal (2014).