théâtre
OEDIPE

PHILIPPE ADRIEN

06 Avr. ► 09 Avr. 2010

© Antonia Bozzi

de Sophocle
mise en scène Philippe Adrien

Philippe Adrien retrouve pour la quatrième fois Bruno Netter et sa compagnie angevine. Un travail d'une grande beauté visuelle qui revisite cette fable mythique où la malédiction guette chaque pas d'une famille maudite.¬†

Oedipe, c'est l'histoire d'un homme qui se crève les yeux pour se punir. Mais auparavant, on le voit obstinément courir à sa perte. Comme si la cécité qu'il s'inflige était la marque de tout destin humain. Le spectacle commence par la fin du trajet d'Oedipe. Le héros, vieil homme déchu et aveugle, erre sur les chemins de pierre, guidé par sa fille Antigone. Ils entrent à Colone. Pressé de questions par les habitants de la ville, ≈ídipe finit par révéler son identité. Mais ça ne suffit pas à des interrogateurs devenus très méfiants : le parricide, l'inceste avec Jocaste, c'était quoi ? Ils veulent des détails‚ Oedipe se défend, on le pousse à bout, jusqu'à susciter dans son esprit le retour traumatique du passé.
Au milieu d'Oedipe à Colone ‚Äì sur le mode d'un flash-back ‚Äì l'action bascule dans Oedipe Roi. Ce " montage " inédit suscite de nouveaux angles d'approche. Dans le décor de Gérard Didier, en forme de cavité oculaire, la troupe nous raconte cette fable mythique comme un rêve, auquel des milliers de nuits n'ont rien ôté de sa puissance sidérante.
Après Le malade imaginaire, Le procès, Don Quichotte, la Compagnie du troisième oeil présente cet Oedipe très original sous la direction de Philippe Adrien. Le pari du metteur en scène est le même : réaliser avec cette compagnie dirigée par un acteur aveugle, l'Angevin Bruno Netter, et composée pour partie de comédiens handicapés, un spectacle d'une haute exigence esthétique et poursuivre aussi la réflexion qu'ils ont engagée ensemble sur la vision et le regard dans la représentation théâtrale‚ Le pari est gagné.

Un jeu théâtral jubilatoire, un fantasme scénique inventif et débridé, souvent drôle, autour d'un drame inconcevable. Agnès Santi. La Terrasse¬†