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Maîtres anciens - comédie

Thomas Bernhard / Nicolas Bouchaud / Éric Didry

07 Nov. ► 10 Nov. 2017

Mardi 7 novembre | 20:00 | mercredi 8 | 19:00 | jeudi 9 et vendredi 10 | 20:00

Durée estimée : 1H30

Jeudi 9 novembre : rencontre avec l'équpe artistique à l'issue de la représentation

© Jean-Louis Fernandez

Nouveau témoignage de son amour vibrant pour les mots et la littérature, Nicolas Bouchaud s’empare avec la vigueur qui le caractérise de l’avant-dernier roman de Thomas Bernhard, Maîtres anciens. Une certaine comédie de l’Art.
 

Savant interprète d’œuvres méconnues ou singulières, l’acteur fétiche de Jean-François Sivadier, artiste associé au Théâtre National de Strasbourg, s’empare avec la fougue tonitruante et espiègle qui le caractérise des personnages insolites qui peuplent cette comédie de Thomas Bernhard. Et oui, Maîtres anciens, comme son sous-titre l’indique, est une comédie se déroulant entièrement dans une salle du musée d’art ancien, le Kunsthistorisches Museum, de Vienne.
Atzbacher, le narrateur, arrive une heure à l’avance afin d’observer Reger, un vieux critique musical, déjà installé dans la salle Bordone, assis sur la banquette qu’il occupe le matin tous les deux jours depuis plus de trente ans, face à L’Homme à la barbe blanche du Tintoret. Ils ont rendez-vous. Pendant cette heure Atzbacher se rappelle les citations de Reger ou des conversations portant sur lui. Le rendez-vous commencé, à l’heure précise, c’est la parole même de Reger qui résonne dans la salle Bordone, comme sous l’effet d’une nécessité vitale. Dans cet espace temps suspendu, comme il peut l’être dans une salle de musée, ou un aéroport, surgissent des voix, des personnages, des réflexions, des spéculations sur l’art, l’état catholique, la saleté des toilettes viennoises, le deuil, les guides de musées, l’industrie musicale…
Aux exagérations coutumières, Thomas Bernhard ajoute le mauvais goût des Habsbourg, l’institution des musées, l’autorité des maîtres anciens, l’enfance, les journaux, les femmes de ménage, Beethoven... Des imprécations, en une langue exaltante et libératrice qui, sur le mode de la diatribe, alternent avec fureur et allégresse les thèmes chers à l’auteur acariâtre autrichien. Cette comédie sur l’art est aussi celle de l’hérédité, du poids que l’on porte. Ainsi, pour Nicolas Bouchaud : « Thomas Bernhard donne de la joie parce qu’il nous libère. C’est un grand destructeur mais comme tous les grands destructeurs il est aussi un grand constructeur. Il fait droit à la protestation contre une souffrance radicalement inutile. »