théâtre
LES BONNES

de Jean Genet, mise en scène Jacques Vincey

13 Dec. ► 15 Dec. 2011

Fait divers hissé jusqu'à la tragédie, rituel païen, déconnade bouffonne ? Depuis sa création en 1947, ce chef-d'ouvre du théâtre moderne reste toujours aussi insolite. Trois comédiennes d'exception se confrontent à leur tour à son baroque et passionnant mystère.

En 1933, Christine et Léa Papin assassinent sauvagement leur maîtresse. Inspiré par ce crime sans aucun mobile apparent, Genet écrit Les bonnes comme un conte noir. D'emblée, Claire et Solange se projettent dans des fictions qui exacerbent leurs pulsions et donnent consistance à leurs fantasmes. Genet joue avec les codes du théâtre et avec les repères des spectateurs. Comme dans une fable, il nous maintient aux lisières du vrai et du faux, du trivial et du merveilleux, du rire et de l'effroi. Ces bonnes sont des monstres, elles jouent à un jeu dangereux et la farce basculera dans le tragique. La chambre de Madame est une arène de mort, mais la victime ne sera pas celle qu'on attendait... Pathétiques et grandioses, ces personnages évoquent les grands clowns. Madame est le Monsieur Loyal de ce cirque métaphysique. Claire et Solange en sont les pantins. Rien n'est plus éloigné du réel que ces figures outrancières, et pourtant rien ne nous parle plus intimement de notre humanité la plus secrète.
Après un remarquable Madame de Sade de Mishima, et avant de monter au printemps 2012, Amphitryon à La Comédie-Française, Jacques Vincey a choisi pour jouer cette pièce mythique de l'auteur des Paravents et des Nègres, trois grandes actrices capables d'une démesure jubilatoire.