théâtre
LE MÉDECIN MALGRÉ LUI

de Molière mise en scène Jean-Claude Berutti - Comédie de St-Etienne-CDN

10 Jan. ► 15 Jan. 2011

© Régis Nardoux

de Molière | Mise en scène Jean-Claude Berutti - ComEdie de Saint-Etienne-CDN

En amoureux du rire, le directeur de la Comédie de Saint-étienne monte ce célébrissime classique comme une fable contemporaine : celle d'une époque en pleine fracture sociale et en perte de bon sens. Corrosif et désopilant.

Ça commence par la scène de ménage la plus célèbre du répertoire théâtral. Sganarelle bat sa femme. Martine, pour se venger de son buveur de mari, le fait passer pour médecin et l'envoie dans une demeure bourgeoise. Sganarelle, aussi beau parleur que malin, saura tenir son rôle à merveille, pour son bonheur ‚Äì et pour le nôtre.
Dans cette farce en trois actes, Molière traite sur le mode farcesque de ses obsessions du moment (nous sommes en pleine " affaire Tartuffe ") : un combat sans répit contre l'hypocrisie, celle des médecins bien sûr, mais qui dit docteurs dit université, et qui dit université en 1667 dit église, et qui dit église... Comme toujours chez Molière, derrière ses airs bouffons, la pièce nous incite à mobiliser notre sens critique pour ne pas être dupés par tous ceux qui, comme Sganarelle, cachent derrière l'écran de fumée de quelques formules sibyllines (charabia économique, technocratique ou populiste), une stratégie au service de leur intérêt bien compris !
Rudy Sabounghi, l'un des grands scénographes de la scène européenne, a conçu un décor qui met en évidence les contrastes sociaux du XXIe siècle : le squat de Sganarelle est en regard d'un loft bourgeois où l'épure du béton brut s'ouvre largement sur un paysage de nature. La modernité de jeu d'une troupe métissée contribue à mettre en lumière l'actualité de propos d'une oeuvre que nous croyons connaître par coeur.

La presse
Une révélation dans le rôle-titre incarné par Djamel Hadjamar qui sait rendre justice au rire majeur de Molière et à la verve pleine de bon sens du malin Sganarelle.
Jérôme Zanetta, Scènes magazine.