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l'avare

Molière / Ludovic Lagarde

13 Dec. ► 15 Dec. 2017

du mercredi 13 au vendredi 15 décembre | 20:00

Durée : 2H35

Soirée enfants le vendredi 15 décembre

Spectacle en audiodescription le jeudi 14 décembre

© Pascal Gély

Ludovic Lagarde projette avec fracas la violence comique de la pièce de Molière dans le monde moderne, dans son obsession actuelle du profit condamnant nos sociétés à l’inégalité et à la crise permanente. Les sujets ont beau être sombres, un comique sous-jacent fait de ce spectacle une bombe métaphorique qui risque d’exploser à tout moment…

Chez Harpagon, le plus célèbre des avares, prodigieusement interprété ici par Laurent Poitrenaux, l’argent manque cruellement. Pourtant il y en a, et nul ne l’ignore. Mais enterré dans le jardin, le magot vénéré ne profite à personne et semble être devenu l’objet d’un culte mortifère. Ce père de famille resté veuf tient tout son monde sous sa coupe tyrannique. Et cette grotesque maladie paternelle semble bien détraquer tous ceux qui en font les frais… Pour Harpagon, l’heure est venue de se défaire de ses grands enfants en les mariant et en se remariant lui-même. Dans cette famille-entreprise, tout est marchandise, y compris les enfants. Cruels enjeux mêlés à une intrigue rebondissante, aux quiproquos fantaisistes et morceaux de bravoure hilarants : la mise en scène de Lagarde crée un climat inouï, mélange d’euphorie et de malaise. On passe de façon percutante du plus noir au plus comique, ce qui est loin d’être contradictoire et surtout diablement jubilatoire.
Sans perruque ni chandelier mais en costumes modernes, les acteurs ne s’économisent pas dans cette scénographie spectaculaire qui montre l’envers du décor de la maison bourgeoise : un entrepôt jonché de cartons et containers où passent toutes les marchandises… Les caractères moliéresques sont loin d’être caricaturés mais transposés avec brio dans une actualité concrète, une normalité troublante. Le spectacle de Ludovic Lagarde fait de Molière un visionnaire et de L’Avare une pièce aussi brutale que drôle, une cinglante métaphore.