théâtre
L'absence de père (annulé)

Anton Tchekhov / Lorraine de Sagazan

17 Mars ► 20 Mars 2020

du lundi 17 au vendredi 20 mars à 20:00

durée : 2H30

soirée enfants le 20 mars

© Pascal Victor

Platonov, brûlot tchekhovien, n’a de cesse de faire résonner un credo porté par toute jeunesse. Il ne pouvait qu’inspirer à Lorraine de Sagazan, qui poursuit son travail de réinterprétation de textes fondateurs – Démons au Quai en 2018 –, une nouvelle expérience scénique. Un Platonov immersif, audacieux et générationnel.

Tchekhov n’a que dix-huit ans lorsqu’il aborde l’écriture de Platonov ou L’absence de père en 1878. Cette pièce de jeunesse sans titre et démesurée restera inachevée. Tchekhov, visionnaire, y dépeint les tourments de personnages égarés entre aspirations de jeunesse délaissée et fantasme d’un futur utopique. Aristocrates ruinés, propriétaires, banquiers, commerçants, membres de la famille gravitent autour d’Anna Petrovna au sein de son domaine bientôt vendu. Parmi eux, Platonov, devenu instituteur malgré d’autres ambitions et sa femme, avec qui il semble s’être marié par ennui ou convention. Lorraine de Sagazan ne fait pas du jeune trentenaire admiré de tous le personnage cynique et désabusé souvent représenté, mais un être fascinant insufflant anti-dogmatisme et doutes chez ses pairs. Platonov cristallise le tiraillement d’une génération qui n’a de cesse de se chercher, sous le poids de ses héritages ou d’une société qui a délaissé l’individu, muée par un désir viscéral de reconnaissance comme d’une nouvelle échelle de valeurs avec l’immense difficulté de s’affranchir de ses pères réels ou fictifs. La présence effective de cette jeune génération sur scène connecte cette œuvre du répertoire au réel comme à ses propres doutes et questionnements. Les spectateurs sont invités à une véritable expérience immersive au sein d’un décor quadri-frontal où les comédiens dessinent tant les récits des personnages tchekhoviens que leur propre histoire. Entre réalité tangible et fantasmée, fiction et mise en abîme, L’Absence de père renforce l’idée d’un théâtre comme espace où l’émotion se vit au présent.