Calderón de la Barca, auteur prolixe (plus de 200 pièces !), signe en 1636 une tragi-comédie romanesque se hasardant au royaume des songes et des illusions pour y questionner le sens de l’existence. Sigismond, prince héritier de Pologne, est enfermé dans une tour depuis sa naissance par son père, le roi Basile, à qui les astres avaient prédit que son rejeton deviendrait un tyran. Au terme de son règne, Basile soumet son fils à une épreuve, souhaitant vérifier la prédiction : on libère alors Sigismond endormi pour le transporter à la cour. Saura-t-il se comporter en prince ? Mais comment échapper à la colère et au désir de vengeance après tant d’années d’enfermement et de souffrance, de rejet et de défiance ? Traité comme un animal, ne devient-on pas animal ? Ce n’est qu’au terme d’un parcours riche en péripéties que Sigismond se montrera digne de porter la couronne, et c’est l’amour, sous les traits de Rosaura, sa jumelle en infortune, qui sera le grand agent de la métamorphose.
La vie est un songe retrace une grande aventure psychique. Les thèmes croisés du rêve et de l’illusion, de la fatalité et de la liberté confèrent à cette pièce une portée universelle. Dans un décor surréaliste embrumé, la mise en scène du nouveau directeur du Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes alterne avec finesse les moments épiques, tragiques et burlesques.
La troupe d’acteurs offre un théâtre comme en apesanteur, fait d’apparitions, de variations des focales, de métamorphoses, d’élans lyriques démesurés, de bruit et de fureur.