Opéra
LA BOHÈME

Giacomo Puccini (1858-1924)

23 Avr. ► 25 Avr. 2012

Sous les toits enneigés d'un Paris de la fin du XIXe siècle, de jeunes artistes partagent amitié et misère. Nostalgique de ses débuts, Giacomo Puccini fait de cette vie de bohème un hymne à la jeunesse. Miséreux aux poches pleines de rêves, compagnons d'infortune à la dispendieuse générosité, viveurs au cour tendre, ses artistes se brûlent au feu de l'instant avec une poignante sincérité.

Pour La Bohème, Giacomo Puccini fit appel aux librettistes Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, tous deux issus d'une mouvance littéraire qui trouvait en son existence pauvre et bohème le terreau d'un réalisme qui préférait les péripéties du quotidien aux tragédies antiques, le parler simple aux envolées lyriques, le sort des petites gens au destin des grandes familles. Une collaboration fructueuse qui se poursuivra avec Tosca et Madama Butterfly. Pour autant, La Bohème n'a rien d'un drame social mais dépeint avec humour et tendresse un petit cercle d'artistes que Balzac définit si bien dans Un prince de la Bohème : " La Bohème n'a rien et vit de ce qu'elle a. L'espérance est sa religion. La foi en soi-même est son code. La charité passe pour être son budget ".
Le secret de La Bohème, cette poésie qui nappe un quotidien sinistre, cette émotion qui s'empare des amants aux instants les plus tragiques de leur histoire, cette complicité qui accompagne les personnages pour alléger leurs épreuves, tient au regard que Puccini porte sur sa propre jeunesse. L'ouvre, ses airs poignants comme ses anecdotes pittoresques, cède à cette nostalgie du temps perdu. Une nostalgie que partageait Claude Debussy lorsqu'il écrivit : " Je ne vois personne qui ait décrit le Paris de cette époque aussi bien que Puccini dans La Bohème ".