Danse
DADDY,

Robyn Orlin

05 Avr. ► 06 Avr. 2011

© John Hogg

Robyn Orlin est drôle avec conviction. Son humour au style direct est une arme redoutable qui pulvérise tout ce qui a trait aux formes du pouvoir. Véritable show iconoclaste, Daddy‚ , évoque la situation post-apartheid et met en déroute les conventions du spectacle.

Chorégraphe sud-africaine blanche, Robyn Orlin est depuis longtemps engagée dans un difficile processus : le changement des mentalités. Qu'il s'agisse des moeurs de son pays, de l'Europe ou de l'émancipation des arts, son travail problématise l'espace du côté du politique. De If you can't change the world, change your curtains (Si vous ne pouvez pas changer le monde, changez de rideaux) à Daddy... (Papa, j'ai vu la pièce six fois et je ne comprends toujours pas pourquoi ils se battent), même les titres de ses pièces donnent la mesure de cette radicalité explosive.
Stéréotypes raciaux, questions de pouvoir, d'identité, de territoire, Robyn Orlin chorégraphie le réel avec des ingrédients pluridisciplinaires, des objets et des chansons populaires, des images et des références à la comédie musicale. Dans Daddy, ce théâtre d'intervention met en scène les rues de Johannesbourg. Les assiettes en plastique rouge vif qui recouvrent le sol sont celles des marchés de Soweto. Là, une femme blanche joue avec des petits canards mécaniques, suffoque devant la ronde d'une danseuse noire au tutu d'une blancheur immaculée. Plus tard, un choeur de performers en robes à fleurs danse une suave mélopée, le temps de retrouver les images de Busby Berkeley. Chez Robyn Orlin, la liberté n'est pas une statue mais un geste de mobilisation. Une puissante réjouissance.