By Heart (apprendre par cœur) est un instant théâtral partagé extraordinaire, une lutte collective contre le temps et l’oubli.  « Tout sera calme et normal, moi aussi je suis allergique au théâtre interactif ! » rassure l’acteur et metteur en scène. Sans tout révéler, afin de préserver la surprise, Tiago Rodrigues conte, au sein de By Heart, des histoires et déclare son amour pour les mots, la poésie, mais aussi pour sa grand-mère, passeuse de littérature de la famille. Alors qu’elle se sait devenir aveugle, Candida, quatre-vingt-treize printemps, demande à son petit-fils de lui choisir le dernier livre, le livre « définitif », celui qu’elle apprendra par cœur avant de perdre la vue. L’auteur et metteur en scène mêle des éléments de son histoire personnelle, des évocations de George Steiner ou Joseph Brodsky à une véritable expérience partagée. C’est aussi l’histoire de Boris Pasternak, qui, lors du Congrès soviétique des écrivains en 37 se lève et lance simplement un chiffre, un défi : « 30 ». Deux mille personnes se lèvent alors dans l’amphithéâtre et récitent, de mémoire, le Sonnet 30 de Shakespeare, un sonnet sur la mémoire, traduit en russe par Pasternak. Reliant avec simplicité et générosité l’intime au collectif, By Heart interroge la notion de résistance, affirme la puissance inouïe de la langue, de la mémoire, de l’apprentissage avec le cœur. Ce qui ressemble au départ à un jeu d’écoliers se charge progressivement d’une puissante responsabilité collective. Un texte su par cœur, caché au fond d’un cœur, ne peut plus mourir. Un geste aussi intime que politique, aussi simple que profond.